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La 44ème édition de « L’industrie Hôtelière Française », l’étude annuelle de KPMG France, analyse les ratios d’exploitation et de gestion 2020 de près de 40 % du parc hôtelier homologué français (soit plus de 2 700 hôtels pour près de 217 000 chambres). KPMG France fait également le point sur l’impact de la crise de la Covid-19 en matière de pertes d’exploitation, de tendances de consommation et d’investissements.

— Saison estivale 2021 : un bilan positif grâce à une très bonne fréquentation de la clientèle française ;
— Malgré une année 2020 tourmentée pour le secteur, la dépréciation des actifs hôteliers n’a pas eu lieu en France et les transactions hôtelières ont repris dès le 1er semestre 2021 ;
— La crise qui a mis en lumière les effets de ruissellement du secteur touristique sur le reste de l’économie et ainsi son caractère primordial dans l’économie des territoires français.

2020 : une année chaotique sans précédent, le segment super-économique plus résilient

Les baisses de chiffres d’affaires observées sur le secteur hôtelier en 2020 par rapport à 2019 varient entre 45 % et 70 % en fonction des régions, selon l’étude KPMG. Les grandes métropoles et les villes littorales du Sud de la France (Provence-Alpes-Côte d’Azur), où la part d’hôtellerie moyen et haut-de-gamme est plus importante, ont enregistré les plus forts reculs de fréquentation (clientèles internationales et d’affaires), tandis que les petites villes et les destinations du littoral Ouest ont, à l’inverse, mieux résisté en 2020 sous l’impulsion de la fréquentation domestique de loisirs.

Alors que toutes les catégories d’hôtels ont connu une baisse de leurs performances en 2020, le segment super-économique a été le plus résilient (-27,8 pts de taux d’occupation, -5,3 % de prix moyen). Ce segment a bénéficié de sous-jacents de consommation touristique moins sensibles aux mesures sanitaires : moindre dépendance à la clientèle internationale, solution d’hébergement pour les soignants et patients en quatorzaine, maintien des déplacements de certaines catégories professionnelles (artisans, ouvriers…).

2021 : un début d’année mitigé retardant la reprise

Selon l’INSEE, le nombre de nuitées hôtelières au 2ème trimestre 2021 demeurait ainsi inférieur de 61% par rapport au volume de nuitées enregistrées au même trimestre en 2019. Dans la continuité de 2020, l’Île-de-France - Paris intra-muros en tête - restait la région la plus impactée au 2ème trimestre 2021, avec une baisse de la fréquentation hôtelière de 77 % par rapport à 2019 (source : INSEE). L’accélération de la montée en gamme du parc hôtelier parisien témoigne toutefois de la confiance des investisseurs dans la force des sous-jacents touristiques de la destination.

 

Une saison estivale annonciatrice des premiers signaux de la reprise sur certains territoires

D’après Atout France, les recettes du tourisme international en France en juillet 2021 étaient en hausse de 21% par rapport à juillet 2020, toujours en recul par rapport à 2019 (-34 %), mais dans une moindre mesure que les mois précédents. À mi-année 2021, la destination France était une des destinations les moins impactées parmi les grandes destinations touristiques mondiales. Cette résilience de l’activité touristique s’explique notamment par une fréquentation dynamique de la part de la clientèle française et européenne de proximité.

La situation est restée fragile à Paris pendant l’été mais la rentrée s’annonce plus dynamique, avec une reprise du tourisme d’affaires national et l’organisation de grands évènements (salons, Fashion Week, séminaires…).

Si les stations de ski ont souffert de la fermeture des remontées mécaniques pendant la saison de ski, la saison estivale s’est révélée satisfaisante, avec un taux d’occupation en hausse de plus de 7 % sur la période par rapport à l’an passé. La crise sanitaire pourrait être un catalyseur de la transformation de l’hôtellerie de montagne, en incitant les hôteliers à repenser leurs produits vers des concepts plus hybrides.

La crise de la Covid-19 a mis en lumière le poids réel du secteur touristique pour l’économie française

En 2019, le tourisme générait environ 10 % du PIB français (transports inclus) et environ 12 % des emplois (sources : INSEE et WTTC). Le secteur a également des effets de « ruissellement » sur tout un ensemble d’acteurs locaux au-delà de l’écosystème touristique. Cette réalité est d’autant plus visible en cette période de ralentissement des flux internationaux sur des territoires qui vivent au rythme des saisons touristiques.

La relance du tourisme français dépendra fortement d’une reprise durable à l’échelle européenne via une entente entre les pays (avant la Covid-19, 78 % des touristes étrangers en France étaient européens). La Covid-19 témoigne ainsi à nouveau de l’importance de soutenir l’économie du partage, à la fois sur le plan local, mais également entre nations (passe sanitaire, accords entre les pays, etc.).

 

Reprise progressive des transactions en 2021

En 2020, le montant des transactions hôtelières a chuté de 66 % pour atteindre 9 milliards d’euros, dégradé par une baisse des ventes de portefeuilles (-80 % vs. 2019).

Bénéficiant de sous-jacents touristiques rassurants pour les investisseurs (pluralité des destinations, demande touristique domestique élevée, fort soutien de l’État), la France est toutefois l’un des marchés ayant été les moins impactés par la baisse des valeurs de ses actifs hôteliers. Les valeurs ont également été soutenues par la présence de nombreuses liquidités sur un marché offrant peu d’actifs à la vente.

Depuis la fin de l’année 2020, le marché se montre plus actif et les transactions hôtelières du premier semestre 2021 s’élevaient à plus de 600 millions d’euros - 976 millions d’euros en comptabilisant les campings (source : CBRE). L'hôtellerie se révèle être une typologie d'actifs alternative face aux marchés des bureaux et du retail, également soumis aux incertitudes de l’impact de la Covid-19 sur les comportements de consommation et les modes de travail.

Palaces : l’année 2020 a été marquée par une baisse d’activité sans précédent

Si certains Palaces ont fait le pari de rouvrir rapidement à la suite du premier confinement, bénéficiant du court engouement de la saison estivale 2020, la grande majorité est restée prudente face aux incertitudes et tous n’ont pas rouvert leurs portes avant 2021.

Le taux d’occupation global des Palaces français, toutes régions confondues (hors Courchevel), a baissé de 41 points entre 2019 et 2020, atteignant 18 %, avec d’importantes disparités selon la localisation. À Paris, il a chuté de 47 points. Nous estimons également que le chiffre d’affaires réalisé par les Palaces français était en recul de 70 % en 2020.

Pour la première fois, sans surprise, les Français ont été les principaux clients des Palaces en 2020, suivis par les clients originaires du Royaume-Uni. La reprise d’événements de renommée mondiale, comme la Fashion Week a dynamisé l’activité des Palaces parisiens en cette rentrée.

Des tendances hôtelières « Slow » renforcées par la crise

Selon KPMG France, la crise sanitaire accélèrerait 3 tendances touristiques existantes autour du mouvement « Slow » (associé à l’art de prendre le temps) : 

  • La quête d’aventure : dépassement de soi, micro-aventures, itinérance en mode « nomade » ;
  • La (re-)connexion à soi, à son environnement, aux autres ;
  • Le mieux-être comme postulat du séjour.

Méthodologie

  • Dans la 44ème édition de son étude annuelle, KPMG France a analysé les ratios d’exploitation et de gestion d’un panel de 2 716 hôtels représentant une capacité totale de 216 937 chambres, soit 39,9 % du parc hôtelier homologué français (hors Palaces).
  •  L’observatoire Palaces présente les données d’un échantillon de près de 1600 chambres, soit environ 60% du parc homologué Palace.



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