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KPMG France présente la 15ème édition de l’étude « Défi pour la transparence » qui décrypte la communication financière des 17 principaux groupes bancaires dans 8 pays de l’Union Européenne. Le cabinet analyse notamment les grands enjeux mis en avant par les dirigeants des banques, l’évolution de leurs performances financières et leur vision des défis futurs.

— Dans les rapports annuels 2020, les messages des présidents donnent une large place à trois principaux sujets : la pandémie, la digitalisation et les enjeux ESG ;
— Le Produit Net Bancaire (PNB) des établissements étudiés par KPMG France s’élève à 395,2 milliards d’euros, contre 419,7 milliards en 2019, en légère baisse ;
— En 2020, le coût du risque est en forte augmentation pour tous les établissements du panel, ce qui découle notamment de la dégradation des prévisions macroéconomiques ;
— Malgré un contexte économique défavorable, les banques de l’échantillon ont démontré leur résilience. Le Liquidity Coverage Ratio (LCR) est largement supérieur à 100 % et est en forte progression à 151 % en 2020 contre 139 % en 2019 ;
— La part des établissements ayant un organe de gouvernance dédié aux enjeux ESG est passée de 70 à 90 % entre 2019 et 2020. La majorité des banques (environ 70 %) rattache la gouvernance des risques ESG directement au conseil d’administration.

Une évolution nette dans le discours des dirigeants

La crise économique liée aux confinements imposés au plus fort de la pandémie a provoqué un glissement dans le discours des dirigeants des banques avec une place prépondérante donnée au terme de « solidarité ». Contrairement à la crise financière de 2007-2009, les banques ne font pas partie du problème mais de la solution.

Dans les rapports annuels 2020, les messages des présidents donnent une large place à trois principaux sujets : la pandémie, la digitalisation et les enjeux ESG.

La pandémie. Grâce aux investissements informatiques réalisés dans les années précédant l’apparition du coronavirus, les banques ont pu très rapidement basculer dans le télétravail, (70 à 80 % des effectifs ont travaillé à distance), tout en portant assistance à leurs clients pénalisés par le ralentissement de l’activité économique. Elles ont accordé des dizaines de milliards d’euros de prêts garantis par l’État et concédé des facilités de remboursement à des centaines de milliers de clients. Concernant les métiers, la crise a eu des effets très contrastés. Dans l’ensemble, la banque de détail a souffert, tandis que les activités de marché, la banque privée et la gestion d’actifs ont enregistré plutôt de bonnes performances.

La digitalisation. La plupart des messages des présidents soulignent que la maitrise des technologies et des données est un enjeu considérable dans la concurrence entre les banques. La pandémie a souligné la nécessité d’accélérer la transformation bancaire vers le digital et la banque à distance. Cela nécessitera dans les années à venir d’importants investissements et une maitrise des technologies de traitement et d’analyse des données qui apparaissent comme une nouvelle ressource rare.

Les enjeux ESG. Même s’ils reconnaissent que la pandémie a été un choc rude pour le système économique et financier, les présidents soulignent qu’une crise climatique pourrait avoir des effets beaucoup plus graves. Les banques sont conscientes de l’enjeu majeur que représente la problématique environnementale, sociale et de gouvernance. Un grand nombre de banques indiquent qu’elles ont l’intention d’atteindre la neutralité carbone en 2050 au plus tard, à la fois sur leur propre périmètre mais aussi sur celui de leurs financements aux clients et de leurs investissements.

Des performances financières affectées par la crise

Les mesures sanitaires strictes mises en place par les gouvernements ont eu des répercussions économiques et sociales considérables dans tous les secteurs, y compris pour les banques, ce qui affecté leurs performances financières en 2020 :

  • Le Produit Net Bancaire (PNB) des établissements étudiés par KPMG France s’élève à 395,2 milliards d’euros, contre 419,7 milliards en 2019
  • Le résultat courant avant impôt atteint 54 milliards d’euros, soit une baisse de 42 % par rapport à 2019
  • Le Coefficient d’exploitation (COEX) s’établit à 65,1 %, en baisse de 280 points de base
  • Le Return on assets (ROA) est à 0,15 %, en baisse de 18 points de base

Il est à noter que la répartition des revenus par activité a peu évolué entre 2019 et 2020. La banque de détail représente l’activité générant le plus de revenus, même s’ils sont en baisse en 2020 (228,91 milliards en 2020 contre 252,03 en 2019), un recul directement imputable à la prolongation de l’environnement de taux bas, et en partie à la baisse des commissions. La banque de financement et d’investissement a, en revanche, enregistré de bonnes performances et sa part dans le PNB atteint 20 % en 2020 contre 18 % en 2019.

Le risque de crédit au cœur des préoccupations

En 2020, le coût du risque est en forte augmentation pour tous les établissements du panel, ce qui découle notamment de la dégradation des prévisions macroéconomiques. Le facteur multiplicateur moyen pondéré est de x 2,39 par rapport au coût du risque en 2019 (x 2,18 pour les banques françaises, x 2,59 pour les banques allemandes, x 2,88 pour les banques anglaises). Un des principaux enjeux pour les établissements bancaires sera de mesurer le risque de crédit sous-jacent temporairement réduit par les afflux de liquidités dans le cadre des mesures de soutien prises par les gouvernements. De manière générale, on constate une augmentation du risque de crédit sur les portefeuilles de prêts octroyés aux entreprises non financières (hors PME), et une baisse de ce risque pour les prêts octroyés aux ménages et aux PME.

Il est à souligner que 2,75 % des prêts et créances, soit 245 milliards d’euros, bénéficient de mécanismes de garantie publique (dont 60,75 % des contreparties sont des PME). Et 1,39 % des prêts et créances fait l’objet de moratoires législatifs et non législatifs.

Quant au ratio moyen pondéré de non performing loans (NPL), il enregistre une légère hausse sur l’échantillon étudié, à 2,26 % contre 2,23 % en 2019.

Il est à noter que depuis le 1er janvier 2021, les banques européennes sont tenues d’appliquer la nouvelle définition du défaut, dont les modalités ont été modifiées durant la pandémie, et qui repose désormais sur deux éléments clés : un arriéré supérieur à 90 jours ou des évènements assimilables à des indications de probable absence de paiement (Unlikness To Pay ou UTP).

Une structure financière solide

Les fonds propres constituent un indicateur clé de la santé financière des banques. En affichant un niveau de fonds propres supérieur aux exigences réglementaires, et en augmentation pour l’année 2020 (le ratio de CET1 moyen s’établit à 14,96 %, en hausse de 107 points de base), les banques européennes démontrent la solidité de leurs bilans et la bonne maitrise de leurs risques, en dépit de la pandémie. On constate que 14 banques sur les 17 de l’échantillon enregistrent une amélioration de leur ratio de solvabilité entre 2019 et 2020.

Enfin, conformément aux recommandations de la BCE, les versements de dividendes par les banques ont diminué de 89 % en 2020 par rapport à 2019.

Des niveaux élevés de liquidités

Malgré un contexte économique défavorable, les banques de l’échantillon ont démontré leur résilience. Le Liquidity Coverage Ratio (LCR) est largement supérieur à 100 % et est en forte progression à 151 % en 2020 contre 139 % en 2019.

C’est dans ce contexte que les banques s’apprêtent à adopter la nouvelle règle concernant le ratio structurel de liquidité à long terme (NSFR) dont l’exigence minimale de 100 % est devenue contraignante depuis le 28 juin 2021. Sur l’ensemble du panel étudié, huit établissements ont déjà communiqué un niveau de couverture à moyen et long terme supérieur au seuil de 100 %.

Quant aux réserves au titre du High Quality Liquid Assets (HQLA), elles ont connu en 2020 une augmentation significative (19 % en moyenne pondérée) à 267 milliards d’euros. Cette augmentation concerne en particulier les banques françaises du panel.

Un renforcement de l’intégration des risques ESG

L’un des enseignements principaux de cette étude est que la prise en compte des enjeux ESG par les organes de gouvernance des banques du panel se renforce. La part des établissements ayant un organe de gouvernance dédié aux enjeux ESG est passée de 70 à 90 % entre 2019 et 2020. La majorité des banques (environ 70 %) rattache la gouvernance des risques ESG directement au conseil d’administration. Autre évolution significative : si en 2019, 21 % des banques européennes intégraient le risque climatique au risque de crédit, elles sont plus de 30 % en 2020.

En corrélation avec cette prise en compte croissante du risque climatique, les banques européennes se dotent d’outils de gestion de ces risques, notamment en élaborant des outils spécifiques nouveaux qui permettent une meilleure identification et gestion de ces risques.

En 2020, 100 % des banques européennes du panel prennent en compte l’évaluation des risques ESG dans leurs analyses des clients. L’empreinte carbone des portefeuilles est davantage analysée : 42 % des banques tiennent compte de ce critère contre 29 % en 2019. Et 88 % des banques du panel se sont livrés à une analyse de scénarii climatiques pour évaluer l’impact du changement climatique au sein de leurs portefeuilles, notamment au travers de l’outil en ligne Paris Agreement Capital Transition Assesment.

Les défis à relever pour l’industrie bancaire

Au travers des rapports annuels des banques européennes de l’échantillon, KPMG France a mis au jour les principaux défis à relever pour l’industrie bancaire au cours des années qui viennent. Parmi les plus significatifs, figurent notamment :

  • Le choix stratégique de la distribution de dividendes après une année 2020 où les banques ont observé les recommandations de la BCE. Les banques doivent aujourd’hui rassurer les investisseurs sur leur capacité à servir des dividendes dans un proche avenir 
  • L’adaptation du plan stratégique dans un contexte de Covid-19 qui a rebattu les cartes, s’agissant notamment d’acquisitions, de cessions ou de partenariats stratégiques, mais aussi de transformation digitale 
  • La maitrise des risques émergents, comme le risque sanitaire qui demeure présent en 2021, la cybercriminalité et les risques climatiques

Méthodologie


Approche quantitative
Pour la 15ème année consécutive, KPMG France a réalisé une étude comparative des rapports annuels des principaux groupes bancaires européens, dans 8 pays.
- Grande-Bretagne : Barclays, Lloyds Banking Group, HSBC
- France : BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole, Société Générale, La Banque Postale, Crédit Mutuel Alliance Fédérale  
- Allemagne : Commerzbank, Deutsche Bank
- Espagne : BBVA, Santander
- Suisse : UBS
- Suède : Nordea 
- Pays-Bas : ING
- Italie : Unicredit.

Approche qualitative
KPMG France a analysé les résultats 2020 des banques, les discours des dirigeants, les activités de banque d’investissement et de banque de détail, les fonds propres, les évolutions en matière de gouvernance, de refinancement et de liquidité, les informations en matière de finance durable.