KPMG vient de réaliser une étude approfondie sur le marché des créances et actifs douteux en Europe (« Navigating European Distressed Markets »). Cette étude s’intéresse à l’évolution de ce marché entre 2015 et 2020 et à l’exposition des banques européennes avant et pendant la crise de la Covid-19.

Au vu des données très détaillées sur lesquelles s’appuie le travail de KPMG, il apparaît que les banques ont su orchestrer une baisse très significative de leur exposition aux créances et actifs douteux depuis 2015, au niveau européen, mais que ces derniers pourraient croître à nouveau de façon substantielle entre 2021 et 2022.

— En 2022, le montant des créances bancaires douteuses (Non Performing Loans – NPL) dans les principales économies de l’Union européenne* pourrait atteindre 588 milliards d’euros, soit une augmentation de 41 % par rapport au troisième trimestre de 2020 ;
— L’Italie, l’Espagne, le Portugal et l’Irlande seraient les pays les plus concernés par cette progression ;
— Le ratio des créances douteuses s’inscrirait en 2022, au niveau européen, dans une fourchette de 4,3 à 5,2 %, contre 3,2 % en 2020, mais resterait en deçà des niveaux observés post crise 2009-2010.

L’exposition des banques aux crédits et actifs douteux en forte baisse entre 2015 et 2020

Les données analysées par KPMG montrent que le stock de créances douteuses dans les principales économies de l’Union Européenne a baissé de 53,5 % entre 2015 et septembre 2020.

2020, une année marquée par les aides d’Etats et la mobilisation des régulateurs

En 2020, les effets de la Covid-19 ont eu peu d’impact sur la qualité des créances, notamment grâce aux moratoires de remboursements mis en place et aux aides et garanties des États. Toutefois, les chiffres montrent des niveaux d’exposition au risque très différents selon les pays. Entre septembre 2019 et septembre 2020, le taux de créances bancaires douteuses était ainsi de 5,3 % en Italie, de 24 % en Grèce, de 2,1 % en France et de 1,1 % en Allemagne.

En décembre 2020, la Commission européenne et la BCE ont mis au point un plan d’action concernant les créances douteuses, qui préconise notamment le développement des marchés secondaires d’actifs en détresse, une réforme des législations européennes sur l’insolvabilité et le recouvrement de créances, un soutien à la création de structures spécialisées dans la gestion de ce type d’actif (Asset Management Companies – AMC) et la création de schémas spécifiques de garantie de l’État concernant le transfert de portefeuilles de créances douteuses, à l’exemple de l’Italie (GACS) ou de la Grèce (HAPS).

Un risque de rebond du montant des créances douteuses entre 2021 et 2022, au niveau européen

Pour autant, les projections de KPMG laissent entrevoir un risque de fort rebond des créances douteuses en 2021 et 2022. Leur rythme de progression dépendra notamment de certains facteurs clés, comme la qualité de la reprise économique, l’ampleur des plans de relance et la durée du maintien des aides d’Etats.

Selon KPMG, le stock de créances bancaires douteuses pourrait atteindre 588 milliards d’euros en 2022, soit une croissance de 41 % par rapport à septembre 2020. Le taux de créances douteuses dans les livres des banques pourrait se situer dans une fourchette comprise entre 4,3 et 5,2 %, contre 3,2 % en 2020. Les pays les plus touchés par cette explosion possible des NPL seraient l’Italie (+ 56 %), l’Espagne (+ 45 %), le Portugal (+ 94 %) et l’Irlande (+89 %).

Un marché attractif pour les investisseurs et les services

Face à cette croissance prévisible des actifs et créances douteuses, l’étude de KPMG anticipe un regain d’intérêt de la part des acquéreurs et des gestionnaires de dettes, un marché qui a plus que doublé depuis 2013. Ce secteur devrait également susciter un attrait de plus en plus vif de la part des investisseurs, comme le confirme l’intensité des transactions sur le marché secondaire.


Méthodologie

*Principales économies de l’Union européenne : France, Allemagne, Espagne, Italie, Grèce, Irlande et Portugal.