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1 août 2022     |    3 min de lecture

ETHICAL ECONOMY

Nota Climat : l’application qui informe clairement les consommateurs sur les actions de décarbonation des entreprises

En mai dernier, à l’occasion de l’événement ChangeNow, Elsa Chai et Vincent Pappolla lancent Nota Climat, une application qui permet au grand public d’accéder plus facilement et de manière plus lisible aux données RSE des entreprises. Tous deux trentenaires, issus de cette nouvelle génération qui souhaite participer activement à la lutte contre le réchauffement climatique, ces deux anciens collègues spécialisés dans le conseil en développement durable décryptent les trajectoires CO2 des entreprises et espèrent faciliter le partage de bonnes pratiques.

 

Comment est née l’application Nota Climat et quel est votre objectif ?

Vincent Pappolla, cofondateur : Nous avons travaillé cinq ans ensemble dans le conseil, chez Deloitte puis chez KPMG, pendant lesquels nous avons eu la chance de travailler sur des problématiques de stratégies climat. Cela nous a permis de constater que le grand public souhaite que les données RSE des entreprises soient plus lisibles – notamment celles concernant l’empreinte carbone. En effet, ces rapports sont très techniques et présentés de manière très différente d’une organisation à l’autre. Nous avons aussi constaté que la transparence incite les entreprises à passer à l’action ou à accélérer. Nous nous sommes lancés parce que nous voulons prendre part à la lutte contre le réchauffement climatique et parce qu’il faut des experts pour décrypter ces données.

 

Il existe déjà des critères de notation RSE. Pourquoi ce service supplémentaire ?

Elsa Chai, cofondatrice : Nous ne faisons pas de notation, nous utilisons les données extra-financières publiées par les entreprises pour les rendre lisibles et accessibles au grand public. Notre application informe les Français – en manque de confiance sur ce sujet – pour les guider dans leurs choix en tant que consommateurs ou salariés.

Notre méthodologie se concentre sur la trajectoire carbone des entreprises, puisqu’il n’existait pas de standard à ce niveau. À titre d’exemple, le PEF (Product Environmental Footprint) de l’Union européenne est relatif à l’empreinte carbone des produits. Aujourd’hui, la mesure d’une empreinte carbone est subjective : elle repose sur des valeurs absolues qui ne sont pas comparables. Notre choix de comparer des trajectoires CO2 à hypothèses constantes nous permet d’apporter de l’objectivité à l’analyse de la décarbonation des entreprises. Enfin, nous nous basons uniquement sur des données historiques et ne tenons pas compte des engagements des entreprises pour les prochaines années.

 

Pourquoi avoir choisi de travailler sur l’empreinte carbone des entreprises et non sur celle de leurs produits ?

Vincent Pappolla : Mesurer l’empreinte d’un produit ne permet pas d’avoir une image consolidée de la responsabilité d’une entreprise sans apporter de la subjectivité à la méthode. De plus, se focaliser sur le produit, c’est reporter la responsabilité sur le consommateur. Celui-ci doit alors arbitrer entre le produit et son empreinte carbone. Notre parti pris est plutôt de mettre la lumière sur l’entreprise. Le risque réputationnel est, en effet, un moteur d’action pour les marques qui ne peuvent pas se contenter de proposer quelques produits bas carbone.

Elsa Chai : Cet impact de l’avis des consommateurs est aussi la raison pour laquelle nous avons ajouté une fonctionnalité à notre application leur permettant de s’exprimer sur une marque par un « swipe » à droite ou à gauche. Ces avis ne sont pas pris en compte dans la notation finale de l’entreprise mais sont clairement affichés sur notre application. Cela répond à deux enjeux. Le premier est d’inciter les marques qui ne bougent pas à prendre des initiatives a minima pour éviter les risques « business ». Le second est de faciliter un geste militant et collectif. En effet, de nombreux consommateurs nous ont fait part de leur sentiment d’impuissance à l’échelle individuelle.

Quelles sont les prochaines grandes étapes pour Nota Climat ?

Vincent Pappolla : Nous lançons à la rentrée une plateforme sur laquelle les entreprises de toutes tailles, les PME comme les grandes entreprises, pourront décrire leurs démarches à travers une série de questions dont les réponses seront en libre accès. Cela va permettre de centraliser l’information et de la structurer – puisque les questions sont les mêmes pour tous les participants – mais aussi de faciliter le benchmark. Les entreprises qui démarrent pourront ainsi s’inspirer des plus vertueuses.

Elsa Chai : Cet annuaire fonctionne sur un modèle « freemium », avec une base gratuite pour tous et des fonctionnalités payantes. De nombreuses entreprises sont déjà embarquées et nous comptons en recruter de nombreuses autres dans les mois à venir. En parallèle, nous travaillons à nous étendre à l’international en traduisant notre application en anglais.

L’édition estivale de cette newsletter se penche plus particulièrement sur les initiatives responsables dans le secteur du tourisme. En conclusion, pouvez-vous citer un exemple ?

Vincent Pappolla : La Sustainable Hospitality Alliance est une initiative du secteur de l’hôtellerie qui permet, comme notre application, de faciliter le passage à l’action, la transparence et la collaboration inter-entreprises.

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