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Isabelle Aprile, Directrice de l’innovation sociétale chez Sodexo

Découvrez l’interview d’Isabelle Aprile, Directrice de l’innovation sociétale chez Sodexo. 


Comment un groupe comme Sodexo se positionne-t-il sur la notion de responsabilité sociétale et territoriale ?

Isabelle Aprile : La nature même de notre activité de services et de restauration, en lien direct avec les acteurs territoriaux, tout comme la dimension familiale de notre groupe font que cette notion de responsabilité sociétale et territoriale est fortement ancrée dans notre identité. Dès le début, la volonté de Sodexo a été de ne pas la cantonner à des actions philanthropiques mais de l’incarner dans son modèle économique pour être viable et reproductible. Acteurs d’une restauration sociale, nous orientons cet engagement autour de deux notions en résonance avec nos activités  : l’employabilité et la santé par l’alimentation.

Comment la RTE* s’incarne-t-elle avec le projet Passerelle que vous avez mis en place à Clichy-sous-Bois ?

I. A. : Ce projet est un exemple de nos engagements autour de l’impact. Il vise à matérialiser cet engagement dans différents territoires à travers la France, dont Clichy-sous-Bois est le premier jalon. Nous nous y engageons au plus près des réalités locales – ce qui est la nature même d’une démarche de responsabilité territoriale. Cela nous a conduit à aller au-devant de nombreux acteurs publics et associatifs pour comprendre les difficultés associées à ces problématiques d’employabilité et de santé. Cela nous a également amenés à y implanter un lieu ressource à même d’accueillir les habitants mais aussi les associations et les acteurs publics. Au fil des échanges, nous avons notamment identifié que la garde d’enfants était un frein à l’emploi, et nous avons ainsi créé une crèche d’une vingtaine de places dans le bâtiment. Ainsi qu’un espace de formation, animé par la mission locale, et un espace de cohésion sociale géré par nos équipes. 

 

*Responsabilité territoriale des entreprises

Quel a été l’accueil d’une telle démarche par les acteurs locaux ?

I. A. : Je ne cacherai pas qu’il a fallu du temps pour instaurer de la confiance. Nous n’étions pas la première entreprise à nous présenter avec une bonne volonté, mais concrétiser une démarche demande de l’investissement. Quand nous avons construit la Passerelle, cela a été pour tous un gage de réassurance et d’investissement à long terme. 

Comment avez-vous travaillé sur le modèle économique d’un tel dispositif ?

I. A. : Le site intègre une légumerie qui assure la transformation de productions maraîchères locales, destinées aux restaurants du groupe et à des circuits de distribution locaux. De part ce dispositif, la structure est à l’équilibre. Cela montre que nous avons une méthodologie solide pour ce type de projet, qui pourra se décliner ailleurs, avec d’autres services et d’autres leviers économiques en fonction des réalités et besoins des acteurs locaux.

Comment cet engagement territorial profite-t-il à l’entreprise et y essaime-t-il ?

I. A. : Plus on avance sur le projet et plus nous nous rendons compte que l’engagement sur ce territoire s’accorde à nos problématiques business et aux attentes des parties prenantes. Nous avons bâti ce projet sur les tendances qui appellent toujours plus d’impact des entreprises dans les territoires. Notre groupe a également un enjeu fort de recrutement et d’attractivité. Avec les ateliers que nous proposons, nous faisons connaître nos métiers et nous améliorons aussi nos process de recrutement. Le site de Clichy fait un peu office de laboratoire pour expérimenter des dispositifs d’accès à l’emploi, comme des ateliers sur la confiance en soi. Ces initiatives essaiment dans nos process RH et plus largement au sein du groupe.

Forte de votre expérience, comment voyez-vous le déploiement de la RTE dans les années à venir  ?

I. A. : Selon moi, la RTE est une réponse à l’analyse extra-financière de la performance, mais je ne pense pas qu’il faille l’enfermer dans un cadre obligatoire. Il est en revanche utile d’accompagner ces démarches avec des guides pour aider à déployer ces initiatives et les démarches de partenariat au plus près du terrain. Nous travaillons d’ailleurs dans ce cadre avec des acteurs publics et académiques, comme l’Impact Tank ou Sciences Po Bordeaux, pour modéliser des outils duplicables. 


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