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La COP 28 se referme. Après plusieurs semaines de négociations, pas de surprise qui rebattrait les cartes des trajectoires ESG des entreprises, mais la confirmation que plus que jamais, les critères ESG sont au cœur de la performance de l’entreprise.

La COP 28 : une TRANSITION sans chiffres ni DATES

C’est officiel, depuis ce 13 décembre matin, la COP 28 s’est conclue sur un accord signé à l’unanimité des quelque 200 pays présents, jugé satisfaisant voire « historique pour accélérer l’action climatique », de la bouche même du représentant du pays organisateur.

En effet, la dimension « historique » tient dans le fait de mentionner pour la première fois les énergies fossiles, marquant la volonté des pays signataires de « transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques ». Des accords salués par le Gouvernement français, confirmés par de nombreuses entreprises françaises, malgré le regret d’une « transition »1 plutôt qu’une « sortie »2, pourtant demandée par les pays les plus ambitieux dont l’Europe, et le fait que cet accord ne précise aucun objectif chiffré ou daté.

Si elle confirme l’urgence de la transition énergétique, la COP 28 de Dubaï permet ainsi aux entreprises de réaffirmer l’ESG comme une dimension stratégique pleinement intégrée à l’agenda des dirigeants. Une tendance nette observée lors de nos échanges avec les CEO et les Comex : les dirigeants sont en train de changer leur approche de l’ESG. Autrefois uniquement réglementaire, l’enjeu devient clairement stratégique pour l’ensemble de l’économie, dont de nombreuses entreprises rejoignent le mouvement ! Quelques enseignements à partager :

Il faut continuer la TRANSFORMATION

Et notamment les quatre points majeurs que notre enquête CEO Outlook 2023 détaille : 

En France, ils déclarent majoritairement (75 %) avoir pleinement intégré les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs activités au titre de levier de création de valeur ; 47 % à anticiper un retour sur investissement (ROI) de leur politique RSE dans les trois ans à venir et 76 % à transformer leur modèle économique au point de se séparer d’une activité rentable, mais non-alignée sur leurs objectifs ESG.

L’ESG est donc aujourd’hui mature dans les grandes entreprises françaises, au point d’être une composante essentielle de la création de valeur. Conséquence, les obligations de transparence et de reporting, imposées ou réclamées ; seront toujours plus pressantes. Les entreprises ont ainsi tout intérêt à les anticiper, dès aujourd’hui, et mettre à disposition des parties prenantes leurs informations extra-financières.

Chez KPMG, nous portons la conviction de cet enjeu extra-financier fait et fera jeu égal avec l’enjeu financier. Négliger ce point aujourd’hui, c’est la certitude d’être en retard, ou moins connecté au réel et moins attractif pour les talents comme pour les clients demain.

Oui l’Europe, et la France, sont des championnes de la règlementation. Depuis une vingtaine d’années, de la loi NRE[3] à la CSRD, en passant par le devoir de vigilance français devenu CSDDD[4] européen, grande pourrait être la tentation de ne voir dans la dimension ESG qu’une quête de conformité réglementaire, un désavantage concurrentiel face au marché américain innovant, ou à celui de l’Asie plus attentiste.

A contrario, nous croyons que la régulation est au contraire une formidable opportunité pour les entreprises de se doter des outils les plus performants en matière de transparence, de mesure et d’indicateurs de performance, afin de se prémunir du pire : le risque réputationnel destructeur de valeur ou la perte d’attractivité de l’entreprise auprès de ses publics. A commencer par ses clients.

Ainsi, sans jamais les opposer, la rencontre des deux est plus que jamais un facteur de succès et de transformation.

Car si 76 % des dirigeants français sont prêts à se séparer d’une activité incompatible avec les objectifs ESG de l’entreprise, c’est d’abord pour une raison réputationnelle. Face à l’attente des clients, des talents ou des acteurs du financement, ladite activité deviendrait de moins en moins pérenne. Là encore, tout est dans l’anticipation. Le besoin de faire évoluer les modèles économiques ou de modifier les chaînes industrielles ne se solutionne pas en un jour et, reculer les échéances, c’est aussi compromettre l’accès à certaines solutions de « remplacement », par la disponibilité ou par le prix.

Production décarbonée, économie circulaire et sourcing responsable demandent du temps et des investissements qui, pour devenir compétitifs, commandent d‘être le premier à investir. Prime à l’action !

Pour les dirigeants hexagonaux, l’un des inconvénients à ne pas répondre aux attentes des parties prenantes en matière d’ESG est en premier lieu les difficultés de recrutement et de fidélisation que cela poserait.

Et pour les futurs ou actuels salariés, les sujets d’éligibilité ne manquent pas : réputation de l’entreprise, décarbonation des activités, impact positif, diversité, parité et égalité des chances, mobilité professionnelle… tout le « spectre ESG » est concerné.

Dans un contexte de bascule démographique et de « métiers en tension », la question n’est plus vraiment le pourquoi, mais vraiment le comment.

Faire la place au temps long

Ainsi, si les problématiques ESG ne doivent pas être abordées sous les seul angle de la compliance, mais bien sous celui de la transformation des modèles économiques, il en va de la compétitivité et de l’attractivité des talents.

Le maître-mot ? L’anticipation. Parce que les transformations attendues demandent du temps et des investissements. A fortiori pour les ETI, acteurs clés de la transformation positive de l’économie, qui pourraient se voir imposer des exigences de la part de leurs grands donneurs d’ordre et notamment des acteurs du financement.

Et la seule incarnation du dirigeant, si elle est nécessaire, n’est plus suffisante. Qu’on l’appelle développement durable, RSE, ESG, ou impact positif, le sujet doit sortir de son silo « historique » et devenir l’affaire, – la compétence même, de toutes les verticales métiers de l’entreprise : Direction financière, supply chain, achats...

Oui, le temps long est consubstantiel de la transition. Mais, risquons-nous à une certitude. D’ici 3 à 5 ans, l’accès aux informations multicritères des entreprises, la plus grande transparence ou la maîtrise du reporting extra-financier, permettront d’apprécier l’entreprise sous un angle différent : celui de performance globale. En d’autres mots, faire du profit et de la croissance, mais pas à n’importe quel coût !

Un enjeu clé pour la COP à venir en Azerbaïdjan. En attendant ce nouveau rendez-vous annuel, les entreprises doivent saisir cette vague de transition, avec comme prétexte la réglementation à venir, et prendre part à ce grand mouvement de transformation positive de l’économie durable et responsable.

1 « Transitioning away »

2 « Phase out »

3 Loi qui imposait les premières obligations de reporting environnemental en France

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