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Synthèse numéro 1 de l'étude "De la smart city à la réalité des territoires connectés : l’émergence d’un modèle français ?"

La notion de « territoires intelligents » a remplacé progressivement celle de Smart City, qui ne rendait compte qu’imparfaitement des réalités territoriales françaises. Ce concept de Smart City qui était inspiré d’un nouvel idéal teinté de science-fiction sur l’urbanité moderne - automatisation, robotisation et interconnexion constante entre réel et virtuel – doit désormais être abandonné au profit d’un modèle plus sobre, privilégiant le cas par cas et une montée en compétence progressive de la collectivité.

Le concept de Smart-city et la vision techno-centrée qui l’accompagne a fait long feu en France.

En effet, le décalage est grand entre ce qui a parfois fait l’objet d’un marketing un peu forcé et la réalité des projets français qui s’étendent du petit village corse aux plus grandes régions françaises. Si les collectivités territoriales ont bien saisi l’enjeu d’un concept qui les invite à innover et à transformer leurs pratiques, elles ont eu pour (bon) réflexe de le traduire, l’adapter et le façonner à leur image plutôt que de suivre les approches « clé en main ». C’est ce qui semble faire l’exception et la richesse française du modèle de territoire intelligent.

Définir le territoire intelligent n’est pas une chose aisée pour autant.

Pour parvenir à une définition claire, partir d’un plus petit dénominateur commun : un territoire intelligent est un territoire dans lequel, à travers différents outils numériques, des services publics et des politiques publiques sont pilotés par la donnée. Partant de cette base, chaque territoire se démarque en centrant son projet par rapport à ses priorités : la transition écologique, l’inclusion numérique, la participation citoyenne, l’optimisation des services publics, les mobilités ou autre. Néanmoins, l’ambition de ces initiatives répond souvent aux mêmes enjeux : créer de la transversalité, améliorer le service rendu et/ou la qualité de vie au travail, redonner une voix aux citoyens, mieux comprendre son territoire pour mieux le piloter, se doter de meilleurs indicateurs et outils décisionnels.

Même si aujourd’hui les projets les plus médiatisés embrassent l’ensemble des enjeux techniques de la ville (eau, éclairage, sécurité, mobilité, écologie, etc.) la plupart des territoires étudiés ont plutôt opté pour une logique incrémentale.

En effet, les collectivités ont mis de côté le « tout ou rien » pour privilégier une « politique des petits pas ». C’est une manière de faire qui semble plus en phase avec la réalité des territoires et leur besoin de s’inscrire dans un temps long ou dans une logique d’apprentissage. Plusieurs questions accompagnent les premiers projets : est-il compatible avec les attentes des citoyens ? Contribue-t-il au développement et à la modernisation des services publics ? Est-il en phase avec les mutations territoriales ? C’est par ce souci du concret que la trajectoire française se distingue des observations parfois faites à l’international.

Il n’existe donc pas un seul et unique modèle de déploiement pour ces territoires intelligents.

Nous avons recensé plus de 70 cas d’usage, une panoplie de technologies plus ou moins matures et des finalités hétérogènes. Tout ceci concorde vers un point : les acteurs publics et privés ont progressivement accepté l’idée de projets toujours plus adaptés à la singularité des collectivités territoriales. C'est un grand pas vers l'idée d'un modèle unique. Le paradigme du territoire intelligent en France réside en ceci : qu’il n'existe précisément pas.

La définition d’un socle de principes communs n’est toutefois pas négligeable.

C’est en instaurant un cadre de confiance, des outils partagés pour la lisibilité des offres, une sensibilisation et formation massive des élus, agents publics et acteurs privés, que pourra être construit un cadre commun soumis à des attentes minimales pour les projets de territoires intelligents. Ce partage de communs qui permettra de répondre aux enjeux de durabilité, d’acceptabilité sociale mais aussi de souveraineté numérique et de cybersécurité est un point fort sur lequel un vaste chantier reste à mener…