17 janvier 1920 : la prohibition aux États-Unis

17 janvier 1920 : la prohibition aux États-Unis

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Décryptages – International : 17 janvier 1920, la prohibition aux États-Unis

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Cette nuit, une minute après minuit, naîtra une nouvelle nation. Le démon de la boisson fait son testament. Une ère d’idées claires et de belles manières commence. Les bas quartiers seront bientôt choses du passé. Les prisons et les maisons de correction vont se vider ; nous les transformerons en greniers et en usines. De nouveau, tous les hommes marcheront droit, toutes les femmes souriront, tous les enfants riront. Les portes de l’enfer se sont fermées pour toujours.

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C’est en ces termes que le révérend Billy Sunday, l’un des leaders du mouvement pour la prohibition de l’alcool aux Etats-Unis, s’adresse à la foule venue célébrer avec lui, dans la nuit du 16 au 17 janvier 1920, l’entrée en vigueur du XVIIIe amendement de la Constitution américaine interdisant la fabrication et la distribution des boissons alcoolisées.

A la fin de la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis sont divisés : d’un côté, un monde rural austère et conservateur ; de l’autres des villes modernes où s’exacerbe la violence. L’Amérique des campagnes met cette violence urbaine sur le compte de l’alcool. Ses représentants convainquent le Congrès de voter sa prohibition au niveau fédéral. Pour que l’amendement soit adopté, il faut que trente-six États au moins le ratifient. C’est chose faite le 16 janvier 1919. Un an après, la prohibition prend force légale.

Mais rien ne se passe comme l’espérait le révérend Sunday. Au lieu de la "noble expérience" annoncée par les partisans de la "loi sèche", on assiste au foisonnement des bootleggers et des speakeasies – les arrière-boutiques où se vendent les boissons de contrebande. Les mafias s’entretuent. Al Capone devient l’ennemi n°1.

En 1928, la prohibition apparaît à beaucoup comme un échec. Le candidat démocrate à l’élection présidentielle est "wet" (humide) : son programme prévoit d’autoriser à nouveau l’alcool. Mais Hoover, son adversaire républicain, est "dry" (sec), par crainte de perdre des voix en revenant sur la réglementation. C’est lui qui l’emporte. Il faudra attendre l’élection de Roosevelt pour que le XXIe amendement annule le XVIIIe en décembre 1933 et que les grandes métropoles reprennent, politiquement, le dessus sur l’Amérique rurale.

De ces treize années de prohibition, il reste, pour les comtés américains, la faculté de se déclarer "dry". Avec parfois des situations paradoxales, comme dans le comté de Moore (Tennessee) : à Lynchburg, son chef-lieu, se trouve l’usine Jack Daniel's, autorisée à produire son célèbre whiskey… mais pas à le vendre en ville !

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