30 ans après le mur : le rebond de Berlin

30 ans après le mur : le rebond de Berlin

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[Décryptages KPMG - International] 30 ans après le mur : le rebond de Berlin

Lorsque le mur qui divise Berlin depuis 1961 tombe le 9 novembre 1989, la ville se trouve dans une situation économique difficile.

Côté ouest, le taux de chômage atteint 9%, contre 6,9% pour l’ensemble de l’Allemagne fédérale. Avec 2 millions d’habitants, la population a conservé son niveau de 1945, mais ne doit sa stabilité qu’à l’installation d’étudiants et artistes attirés par la faiblesse des loyers, et à l’arrivée de 200 000 immigrés, principalement originaires de Turquie, Pologne et Yougoslavie. Les quelque 1,6 million d’Allemands de l’Est ayant fui la RDA via Berlin avant la construction du mur n’y sont pour la plupart pas restés. Le revenu par habitant à Berlin-Ouest est inférieur d’environ 25% à la moyenne de la RFA, malgré le soutien financier du gouvernement fédéral et des puissances alliées.

À Berlin-Est, le taux de chômage s’élève officiellement à 10%, un niveau proche de celui de la partie occidentale. Mais, à la différence ceux de Berlin-Ouest, les 1,3 million d’habitants de la zone communiste bénéficient d’un niveau de vie notablement supérieur à celui du reste du pays. Du fait de la faiblesse des prix réglementés et d’un régime d’approvisionnement privilégié, leur pouvoir d’achat, du moins dans les statistiques, est estimé à 80% de celui de celui de la zone ouest. Contrairement à Berlin-Ouest, qui comporte peu d’usines, la partie orientale a conservé une activité industrielle importante qui emploie le tiers de la population active.

L’adoption – pour des raisons politiques – de la parité de conversion entre le Deutsche Mark et l’Ostmark est-allemand, alors qu’ils s’échangeaient au marché noir dans un rapport de 1 à 7, précipite la ville réunifiée dans une crise économique qui va se prolonger jusqu’en 2005. En trois ans, la quasi-totalité des l’industrie de Berlin-Est, devenue soudain non compétitive, disparaît. Les travaux de construction et rénovation immobilières se révèlent démesurés par rapport à la demande et entraînent une chute du prix de la pierre. Les grands groupes allemands rechignent à déplacer leur siège social à Berlin. En 2005, le taux de chômage atteint 19% sur l’ensemble de la ville, autant que dans l’ancienne RDA, mais deux fois plus que dans l’ancienne RFA.

Cette crise a cependant aussi des vertus. De 1990 à 2005, Berlin acquiert une image de ville alternative festive, bon marché et bohème, gay friendly, inspirante et ouverte à la nouveauté, comme Londres dans les sixties et New York dans les années 1980. À partir de 2005, elle attire non seulement les touristes, mais également la "classe créative", cette population urbaine, mobile, qualifiée et connectée à l’origine de la plupart des start-up. Comme l’offre d’emploi reste faible à Berlin, les étudiants désireux d’y demeurer se lancent dans des créations d’entreprises. Un nouvel écosystème se développe autour des laboratoires universitaires et des campus d’innovation. Pour Berlin, c’est le temps du rebond.

Au cours des quinze dernières années, le taux annuel de croissance de l’économie berlinoise a été supérieur en moyenne de 0,3% à celui du pays, le taux de chômage est passé de 19% à 9% et le revenu par habitant s’est rapproché de celui observé au niveau national. Trente ans après la chute du rideau de fer, la capitale de la contre-culture des années 1990 pourrait bien devenir la capitale européenne de la culture entrepreneuriale des années 2020.

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