Docteur : un titre d’avenir ?

Docteur : un titre d’avenir ?

[Décryptage - Générations]

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Vous vous proposez, sur les pas de Musset et Sand, de réserver une nuit au Danieli ? Au moment de saisir vos données, le site web du célèbre palace vénitien vous proposera, dans l’onglet « Titre », de choisir entre Monsieur, Madame, Mademoiselle… ou Dr.

Comme la plupart des pays d’Europe centrale et du monde anglo-saxon, l’Italie honore les titres universitaires. Alors qu’en France, dans le langage courant, on réserve la qualité de docteur aux médecins et dentistes, l’usage en Italie est de donner du « dottore » à tout titulaire d’une Laurea Magistrale – équivalent de notre Master 2. Dans la tradition universitaire germanique ou anglo-saxonne, on fait de même au niveau du doctorat.

Le processus de Bologne – du nom de la conférence qui s’y est tenue en 1999 – a homogénéisé les parcours de l’enseignement supérieur en Europe et leur évaluation via le dispositif des ECTS (European Credits Transfer System). Dans l’Hexagone, ce processus est à l’origine du cursus LMD (licence-master-doctorat) en vigueur depuis 2002.

Dans le cadre de cette convergence, les titulaires français d’une thèse de lettres ou de sciences sont-ils en droit de se faire appeler docteur, comme leurs confrères italiens, allemands ou américains ? Par un arrêt du 20 janvier 2009, la Cour de cassation a estimé que, bien qu’en France la tradition soit que le titre de docteur précède seulement le nom des personnes exerçant la médecine, rien ne s’oppose à ce que s’en réclament les titulaires d’un doctorat n’appartenant pas au corps médical.

Depuis, la loi du 22 juillet 2013 relative à l'enseignement supérieur et à la recherche a précisé que « les titulaires d'un doctorat peuvent faire usage du titre de docteur, en en mentionnant la spécialité, dans tout emploi et toute circonstance professionnelle qui le justifient ».

Sous l’angle juridique, la voie est donc libre : un bac+8 qui le souhaite est justifié à se présenter comme « docteur ès… », à la façon des docteurs en médecine, sans contrevenir à l’article 433-17 du Code pénal relatif à l’usurpation d’un titre attaché à une profession réglementée.

Après des hésitations, les chercheurs français ont fini par adopter l’habitude qu’ont leurs collègues étrangers de faire, dans leurs mails et sur leurs cartes de visite, suivre leur signature ou leur nom des abréviations anglo-saxonnes de leurs diplômes : PhD, MSc, etc. La prochaine étape sera-t-elle de mentionner aussi, à l’instar de leurs confrères, leur qualité de docteur sur l’interphone de leur logement ?

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