La protection du patrimoine historique : une passion française

La protection du patrimoine historique français

[Décryptages - Développement durable]

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Partout en France, quelques 17 000 monuments ouvrent leurs portes et proposent plus de 26 000 animations pour la 35e édition des Journées européennes du patrimoine. Aujourd’hui célébrées dans tous les pays européens, ces journées ont une origine française. Après « l’Année du patrimoine », une initiative de Valéry Giscard d’Estaing pour la promotion du patrimoine national en 1980, le ministre de la Culture, Jack Lang, décide en 1984 de faire ouvrir les monuments historiques au public une fois par an dans le cadre de « Journées portes ouvertes dans les monuments historiques », qui seront renommées « Journées du Patrimoine » en 1992, puis
«Journées Européennes du Patrimoine » en 1995.

L’engouement, immédiat dès 1984, s’est confirmé d’année en année, révélant une passion française pour le patrimoine. Chaque année, 12 millions de Français profitent des deux journées d’ouverture des monuments historiques pour découvrir de nouveaux sites. Ce sont les lieux habituellement fermés au public qui connaissent le plus de succès, en particulier les lieux de pouvoir : Elysée, Palais Bourbon, Palais du Luxembourg, etc.
L’histoire de la protection des monuments historiques en France commence paradoxalement par une destruction. Au lendemain du 14 juillet 1789, il est décidé de détruire ce symbole de l’Ancien Régime qu’est le fort de la Bastille. Après la confiscation des biens de l’Eglise en novembre 1789, l’abbé Grégoire – qui laissera plus tard son nom au combat contre l’esclavage – craint de les voir connaître le même sort que la forteresse royale et d’être abandonnés au vandalisme. C’est à l’abbé Grégoire qu’on doit d’ailleurs l’invention du mot « vandalisme », en référence à la mise à sac de Rome en 455 par les Vandales. A son initiative, la Convention prendra les premières dispositions de protection des monuments historiques en France, avec la création du Conseil des bâtiments civils.


En 1837, le Conseil des bâtiments civils devient la Commission des monuments historiques. Ce changement de nom marque le début d’une politique active de protection et restauration du patrimoine historique, qui s’étendra progressivement au patrimoine naturel, voire symbolique, tels les champs de bataille. Inspecteur général des monuments historiques, Prosper Mérimée commence le travail d’inventaire à l’origine de la procédure actuelle de classement.
Des étapes importantes interviennent avec la loi du 31 décembre 1913 qui rationalise toutes les dispositions de protection des sites historiques alors en vigueur, puis avec celle du 2 mai 1930 qui étend aux espaces naturels les protections dont bénéficient déjà les sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque. Dans les années 1960, sous l’impulsion d’André Malraux, ministre de la Culture, les protections seront étendues au voisinage des monuments historiques et à des sites publics ou privés jugés jusque-là d’importance secondaire.


Aujourd’hui, les monuments protégés comportent deux catégories : les monuments dits « classés » et ceux « inscrits au titre des monuments historiques », la catégorie ayant pris la suite en 2005 de « l’inventaire supplémentaire des monuments historiques ». Les protections, obligations, financements et avantages fiscaux sont plus élevés pour les monuments « classés » que pour ceux « inscrits au titre des monuments historiques ».
Quelque 43 600 sites sont protégés au titre des monuments historiques en France (14 100 classés et 29 500 inscrits). Chaque année, environ 400 nouveaux sites sont inscrits dans l’une ou l’autre des catégories. D’aucuns se demandent si un tel rythme ne risque pas de banaliser le processus de classement et de compromettre à terme son efficacité.

 

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Hôtel du ministre des affaires étrangères, Paris

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