L’adoption d’adultes au Japon : un levier économique

L’adoption d’adultes au Japon : un levier économique

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Au Japon, quelque 500 enfants font chaque année l’objet d’une procédure d’adoption. De leur côté, les Français, quoique deux fois moins nombreux que les Japonais, adoptent annuellement environ 2000 enfants, nés en France pour la moitié et à l’étranger pour l’autre moitié. La pratique de l’adoption de mineurs est ainsi huit fois plus développée en France qu’au Japon.

Pour ce qui concerne l’adoption d’adultes, c’est l’inverse. On dénombre dans l’Hexagone en moyenne 8000 adoptions de majeurs par an, alors que leur total s’élève à 80 000 dans l’archipel nippon.

En France, la plupart des adoptés majeurs sont des enfants de l’un des deux conjoints de familles « recomposées ». L’objectif de l’adoption est de les placer dans la même situation successorale que les enfants biologiques des couples. Au Japon, la finalité est différente : les adoptions d’adultes sont en quasi-totalité destinées à assurer la succession de chefs d’entreprise.

Du fait notamment de son déclin démographique, il arrive souvent au Japon que des propriétaires d’entreprises ne trouvent pas de successeurs qualifiés parmi leurs enfants. Cette situation a conduit les Japonais à réactiver le « yōshi-engumi », une pratique en usage pendant l’époque d’Edo (1603-1868) consistant à adopter un héritier.

L’adoption d’un héritier par l’actionnaire principal d’une entreprise ne se limite pas aux petites et moyennes structures. Dans certains grands groupes japonais, les dirigeants sont depuis plusieurs générations les enfants adoptés de leurs prédécesseurs.

Presque exclusivement de sexe masculin, les adoptés ont généralement une trentaine d’années. Ce sont souvent des collaborateurs des adoptants reconnus pour leur compétence. Mais il arrive aussi que des chefs d’entreprise sans héritiers familiaux ne trouvent pas non plus de successeurs à adopter dans leurs équipes. Dans ce cas, ils s’adressent à des agences de recrutement spécialisées dans la présentation de bons professionnels candidats à l’adoption.

Parfois, l’agence de recrutement fait également office d’agence matrimoniale. Il est en effet courant que le candidat adopté prenne non seulement la tête de l’entreprise mais épouse également la fille du patron. Dans ce cas, le chef d’entreprise recrute à la fois un successeur, un héritier et un gendre.

La population japonaise diminue d’environ un million de personnes chaque année. Bien accepté par la société civile, le « yōshi-engumi » permet d’assurer aux entreprises de l’archipel, malgré la baisse tendancielle du nombre d’habitants, une stabilité de leur actionnariat et une continuité de leur management.
 

L’adoption d’adultes au Japon : un levier économique

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