La Loterie nationale : une disparue toujours vivante

La Loterie nationale : une disparue toujours vivante

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Au lendemain de la guerre de 1870-1871, d’anciens combattants désireux de s’entraider se réunissent au sein de la Fédération nationale des anciens militaires blessés. Après celle de 1914-1918, leurs successeurs se rassemblent dans L'Union des Blessés de la Face et de la Tête, dite « Les Gueules Cassées », autour d’une alliance dédiée aux mutilés des combats aériens, « Les Ailes Brisées », ainsi que dans de multiples autres structures : les Aveugles de guerre, les Grands invalides, etc.

Pour se financer, ces associations organisent au début des années trente une souscription nationale accompagnée d’une tombola, connue sous le nom de « La Dette ». L’Etat est alors lui-même à la recherche de recettes extrabudgétaires en faveur des anciens combattants. Au vu du succès de « La Dette », le gouvernement décide en 1933 de s’en inspirer : il institue la Loterie nationale.

Mais l’opération est décevante ! Les billets sont vendus 100 francs, soit environ 70 euros actuels. Ce montant est trop élevé pour susciter un engouement populaire. Aussi est-il décidé d’autoriser leur fractionnement en « dixièmes » d’un montant de 10 francs, revendus sur un marché secondaire par des intermédiaires, dits émetteurs, sélectionnés par les pouvoirs publics et au nombre d’une centaine.

Les Gueules Cassées, Les Ailes Brisées et la Fédération nationale des anciens militaires blessés – devenue entre-temps Fédération nationale André Maginot, du nom de l’ancien ministre de la guerre disparu en 1932 – figurent parmi les principaux émetteurs agréés. Les revendeurs de dixièmes de la Loterie nationale deviennent des personnages familiers du paysage urbain. Cette fois, la réussite est au rendez-vous et les associations d’anciens combattants, qui perçoivent un pourcentage sur les ventes, voient leurs revenus augmenter notablement.

La Loterie nationale prospère jusqu’à la fin des années cinquante puis décline jusqu’à ce qu’en 1976 les émetteurs – qui ne sont plus qu’une quinzaine – proposent au ministère des Finances de lui substituer un nouveau jeu, le Loto. Après des débuts difficiles, le succès du Loto est tel que l’Etat décide de se l’approprier. En 1976, une société d’économie mixte (Etat 51%, émetteurs 49%) est créée pour l’exploitation du Loto.
Outre leur participation au capital, il est prévu que les émetteurs perçoivent 1,5% des ventes pendant 10 ans à partir de 1978. En 1988, leur participation sera ramenée à 20% contre une prolongation de leur redevance pendant 20 ans au taux de 0,4% du montant des mises.

La redevance n’est plus versée depuis 2008. Mais les émetteurs sont toujours présents au capital de l’héritière de la société d’économie mixte qu’est aujourd’hui la Française des Jeux (FDJ). En 2016, Les Gueules Cassées ont ainsi perçu 9,2% et la Fédération Maginot 4,2% du dividende total de 137 millions d’euros versé par la FDJ. Ces revenus sont consacrés à des œuvres caritatives. Quoique disparue des boutiques, la Loterie nationale reste présente dans la vie sociale française : elle finance des maisons de retraites et des établissements de soin.
 

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