Berlin : ville d’accueil

Berlin : ville d’accueil

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Le 18 octobre 1685, Louis XIV révoque l’édit de Nantes par lequel Henri IV a accordé en 1598 la liberté de culte aux protestants. Dès l’information connue à Berlin, Frédéric-Guillaume, l’électeur de Brandebourg – titre alors porté par le prince régnant –, aperçoit l’avantage économique qu’il pourrait tirer de cette nouvelle situation.

Le 29 octobre, par l’édit de Potsdam, il accorde aux huguenots non seulement une « retraite sûre et libre » sur ses terres mais aussi un ensemble de privilèges destinés à les attirer à Berlin plutôt qu’à Londres, Amsterdam ou Genève.

Frédéric-Guillaume propose aux protestants français de leur payer leur voyage jusqu’à Hambourg ou Francfort, où ses représentants les prendront en charge. Leurs biens sont exonérés de droits de douane. Les nouveaux venus sont autorisés à occuper en pleine propriété les maisons abandonnées ou en ruine, l’électeur se chargeant de dédommager les anciens propriétaires. Le droit de bourgeoisie – en particulier l’autorisation d’exercer librement des activités marchandes – leur est accordé immédiatement, gratuitement et sans période probatoire. Frédéric-Guillaume attribue de surcroît des subventions aux entrepreneurs, des champs aux paysans et des offices aux nobles. Enfin, les immigrés protestants se voient reconnaître le privilège de juridiction : la communauté française dispose de son propre tribunal et les conflits opposant Français et Allemands sont jugés par des juridictions mixtes.

Quelque 6000 huguenots s’installent ainsi en quelques mois à Berlin. A leur arrivée, ils représentent près du tiers de la population. Pour les accueillir, de nouveaux quartiers sont construits à l’ouest de la vieille ville autour de la Friedrichstraße actuelle. Une cathédrale française (Französischer Dom) est bâtie sur la place du Gendarmenmarkt. L’apport des protestants français à la vie économique et culturelle berlinoise est considérable. Ils influencent aussi les habitudes gastronomiques et enrichissent le vocabulaire prussien d’expressions françaises.

A l’initiative de la communauté française, le Brandebourg, jusque-là surtout agricole, voit apparaître ses premières manufactures. En une quinzaine d’années, Berlin prend sa physionomie contemporaine, passant du statut de chef-lieu provincial à celui de grande capitale européenne, et en 1701 le fils de Frédéric-Guillaume est proclamé roi de Prusse sous le nom de Frédéric 1er.

La réussite des huguenots fait école : après les Français, Berlin séduit d’autres nationalités. De 1685 à 1705, sa population passe de 12 000 à 50 000 habitants, amorçant une dynamique d’attraction qui se prolonge jusqu’à nos jours.
 

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