Pays-Bas : pour prévenir la montée des eaux, détruire les digues ?

Pays-Bas : prévenir la montée des eaux

[Décryptages - Développement durable]

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Dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1953, une tempête particulièrement violente en mer du Nord, coïncidant avec une marée spécialement forte, a provoqué un rehaussement exceptionnel du niveau des eaux sur les côtes des Pays-Bas. Au cours des deux jours qui ont suivi, quelque 200 000 hectares furent submergés. On dénombra 1800 morts dans la population, des têtes de bétail noyées par milliers et d’innombrables bâtiments endommagés ou détruits.

Devant la plus grande catastrophe de l’histoire moderne du pays, le gouvernement hollandais décida de lancer un projet ambitieux de construction de digues et de fermeture des bras de mer par des barrages. Connu sous le nom de plan Delta, ce projet était prévu pour se terminer en 1978. Du fait de nombreux ajouts, les travaux se sont poursuivis jusqu’en 1996.

Une fois en place, le dispositif Delta a été considéré comme l’exemple le plus achevé de protection des régions côtières contre les risques d’inondation.

Les modèles du GIEC et de l’ONU indiquent aujourd’hui que le niveau marin en mer du Nord pourrait s’élever d’un mètre d’ici 2100. Concomitamment, les sols des zones côtières hollandaises et de certains polders ont tendance à s’affaisser par suite d’une surexploitation de la nappe phréatique. Face à ces nouveaux enjeux, les infrastructures du plan Delta s’annoncent insuffisantes.

Aussi les pouvoirs publics néerlandais ont-ils lancé le plan Delta 2, un investissement annuel de 2 milliards d’euros pendant dix ans.

S’il porte le même nom que son prédécesseur, le plan Delta 2 en diffère cependant radicalement dans son principe. En 1953, les concepteurs du premier plan avaient pris l’option d’entourer les Pays-Bas d’une barrière de protection contre l’invasion des eaux. Le plan Delta 2 adopte une autre philosophie : plutôt que de chercher à freiner l’irruption des flots, il vise à maîtriser leur dispersion à l’intérieur des terres. A cet effet, certaines digues sont appelées à être détruites ou transformées en écluses afin de permettre, en cas de nécessité, un écoulement maîtrisé des eaux dans des polders prédéterminés.

Cette technique est dite de « dépoldérisation ». Un demi-siècle après s’être imposés comme les meilleurs experts mondiaux de la création de polders, les ingénieurs hollandais sont-ils appelés à devenir les spécialistes de leur désaffectation ?

 

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