Le lean management : un exemple de sérendipité

Le lean management : un exemple de sérendipité

[Décryptages - Entreprises & Economie]

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Lorsque le général Mac Arthur arrive au Japon le 30 août 1945, l’une de ses priorités est de relancer une industrie exsangue. Outre la remise en marche des usines, il fixe deux impératifs à son état-major : démanteler les conglomérats impliqués dans la militarisation du pays et écarter les cadres les plus compromis avec le régime nationaliste vaincu.

Habituée à un fonctionnement tayloriste poussé à l’extrême, l’industrie nippone est ainsi appelée à adopter un dispositif moins centralisé et hiérarchisé. Les Etats-Unis ont l’expérience d’une telle évolution : organisées généralement selon le modèle fordiste, les grandes entreprises américaines ont dû s’adapter pendant la guerre à la réduction des effectifs du middle-management – mobilisé sous les drapeaux – et à l’arrivée massive d’un personnel féminin inexpérimenté.

Mac Arthur fait appel à des consultants ayant accompagné cette réorganisation de l’industrie américaine dans le cadre du programme TWI (Training Within Industry). En 1947, William Deming, un statisticien expert en productivité industrielle, rejoint Tokyo. Il réunit autour de lui une équipe d’ingénieurs japonais, dont le chimiste Kaoru Ishikawa.

Deux industriels japonais, Kiichiro Toyoda, fondateur en 1937 de la société Toyota Motor Corporation, et son cousin Eiji Toyoda, se montrent particulièrement intéressés par les principes managériaux recommandés par Deming et Ishikawa. Ils décident de les appliquer à la méthode JIT (Just in time) en usage au sein de leur entreprise. Leur collaboration donne naissance au système Kaizen, une pratique de management fondée sur la recherche continue de la qualité par l’implication directe de chaque salarié dans l’amélioration du processus de production.

Soixante-dix après l’arrivée de Deming au Japon, son nom reste attaché à la méthode de gestion de la qualité dite PDCA (plan-do-check-act) ou roue de Deming. Le diagramme d’Ishikawa, en forme d’arêtes de poisson, est l’un des plus utilisés par les qualiticiens dans l’analyse de l’enchaînement des causes et effets.

Quant au Kaizen, sa philosophie a été étendue au-delà du champ industriel. Ses principes de concentration sur les processus prioritaires et de responsabilisation de l’ensemble des salariés ont inspiré le lean management. Ainsi, la rencontre en 1947 d’un statisticien, d’un chimiste et d’un entrepreneur, initialement destinée à assurer la remise en marche des usines japonaises, se trouve à l’origine d’une méthode managériale pratiquée aujourd’hui partout dans le monde.
 

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