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TECH ECONOMY

Émergence de nouvelles nations spatiales, regain d’intérêt par les gouvernements, nouveaux investissements publics, récentes explorations par les acteurs privés … autant de signes d’un nouvel âge de la conquête spatiale. Au-delà des gouvernements, elle devient le terrain de jeu du secteur privé, qui y voit de nombreuses opportunités de développement.

D’un secteur sous perfusion des fonds publics et privés, à l’émergence de nouveaux business models en passant par le développement d’un « new space* », état de lieux de l’économie et des enjeux qui se dessinent pour ce secteur.

L’espace, vivier d’innovations

Au-delà de ses enjeux politiques et diplomatiques, la conquête de l’espace a été la source de nombreuses innovations technologiques. Selon la Nasa, 1 600 innovations seraient ainsi directement liées à la conquête de l’espace. Première application de pilotage assisté par ordinateur, la mission spatiale Apollo XI par exemple, qui amena les premiers hommes sur la Lune en 1969, a largement accéléré le développement de l’informatique moderne. Une seule innovation technologique peut en effet déclencher une nouvelle ère de modernisation ! Ces innovations sont considérées comme transformatrices car, grâce à elles,  des produits compliqués, coûteux et peu accessibles deviennent simples pour le plus grand nombre.

Citons par exemple, Elisha Graves Otis qui inventa le frein sécuritaire pour les ascenseurs, commercialisé pour la première fois en 1853. En gagnant la confiance du grand public, ce système de sécurité a largement contribué à la généralisation de l’ascenseur, bouleversant ainsi profondément l’architecture et le design urbain, et donnant naissance à la ville moderne.

À l’instar des ascenseurs, les opportunités dans l’espace fleuriront avec le développement de technologies qui faciliteront l’accès à l’espace, en particulier en réduisant les coûts de lancement.

Lanceurs et satellites : un marché en plein essor

Le domaine du lancement, l’un des plus financés, est le point d’entrée de l’écosystème spatial. Historiquement composé d’acteurs entièrement ou partiellement détenus par les gouvernements, le marché des lanceurs spatiaux connaît un boom ces dernières années. De nouveaux acteurs émergent et cherchent à développer leur propre capacité de lancement. Les coûts de lancement s’en trouvent drastiquement réduits. 

Par ailleurs, La production de masse des satellites, la maturité technologique, et notamment le développement des lanceurs réutilisables a permis de réduire les coûts de lancement d’un satellite, qui est passé de 200 millions à 60 millions de dollars.  

Ces dernières années, de nombreuses entreprises se concentrent ainsi sur le lancement de petits satellites et certaines d’entre elles sont déjà profitables.

Plus ce secteur du lancement deviendra mature, moins cher et facile d’accès, plus le reste de l’écosystème - de la construction des satellites aux services associés - se développera, pour constituer à terme une « marketplace ». En effet, les sociétés de lancement sont étroitement liées aux constructeurs de petits et moyens satellites, qui dépendent eux-mêmes des entreprises de services (tels le haut débit par satellite, l’imagerie en orbite basse, la surveillance météorologique…).

Vers une Global Space Economy

Alors que l’espace va devenir plus accessible, de nouvelles opportunités et activités, dépassant les industries de l’aérospatial et de la défense, vont se développer. Se dessinent ainsi les contours d’une « Global Space Economy», c’est-à-dire une demande pour de nouveaux services et produits sur la Lune.

La banque d’affaires Morgan Stanley a estimé que l’industrie spatiale mondiale pourrait générer des revenus de plus d’un trillion de dollars ou plus, contre 350 milliards actuellement. Les opportunités les plus importantes à court terme ? L’accès internet haut débit par satellite, qui représente 50 % des projections de croissance à 2040. Cette technologie permettrait de fournir un accès internet à certains lieux peu ou pas desservis. Une réponse à une demande en pleine explosion liée au développement des voitures autonomes, l’IoT, l’IA, ou encore la VR.  Elle réduirait aussi considérablement les coûts d’accès à internet haut débit. Morgan Stanley estime ainsi que le coût par mégaoctet des données sans fil sera inférieur à 1 % des niveaux actuels.

D’autres activités prometteuses pourraient également se développer.  Livraison grande vitesse par lanceurs, tourisme spatial, voyages commerciaux dans l’espace, exploitation de minéraux… autant d’opportunités potentielles qui séduisent les entreprises.

Plusieurs d’entre elles se sont déjà engagées dans l’exploration lunaire, certaines dans le cadre de partenariats avec la Nasa. C’est le cas de la société Moon Express qui développe des modules capables de se poser sur la Lune, afin de collecter des données sur la nature des sols et ramener des échantillons sur Terre pour des clients commerciaux ou scientifiques. Autre exemple, Astrobotic, qui conçoit une solution pour un rover « à la carte » permettant au client de choisir la nature des capteurs embarqués. Progressivement, les acteurs du spatial évoluent d’un modèle d’industrie de produits vers une industrie de services. On parle aujourd’hui d’un modèle « Space as a Service ».

A terme, ces nouveaux services et activités nécessiteront des nouvelles infrastructures et technologies pour soutenir leur déploiement. Robots, habitat, transports, communication, traitement de données, système de communication pourraient permettre à une mini-économie lunaire de se développer.

Autrefois réservé aux Etats, l’espace attire désormais de nouveaux entrants, issus du secteur privé, qui bouleversent cette filière. C’est ainsi que s’est développé le « Spacetech ». Avec lui, s’opère un changement de paradigme culturel. Souvent issus du monde des start-up, ces nouveaux acteurs se considèrent comme des fournisseurs de services plutôt que comme des entreprises aérospatiales. L’espace devient alors une commodité permettant de proposer de nouveaux services et usages.


Sources et références

* Ouverture de l’espace à de nouveaux acteurs et une extension du champ d’application des technologies spatiales.

À retenir
Alors que l’espace va devenir plus accessible, de nouvelles opportunités et activités, dépassant les industries de l’aérospatial et de la défense, vont se développer. Se dessinent ainsi les contours d’une « Global Space Economy», c’est-à-dire une demande pour de nouveaux services et produits sur la Lune. De nouveaux services et activités nécessiteront des nouvelles infrastructures et technologies pour soutenir leur déploiement. Robots, habitat, transports, communication, traitement de données, système de communication pourraient permettre à une mini-économie lunaire de se développer.

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