Christoph Eisenring pense qu’il sera difficile de former un gouvernement à Berlin, mais il voit aussi quelques thèmes communs pouvant permettre une coalition entre la CDU/CSU, les Verts et le FDP.
Christoph Eisenring, correspondant de la NZZ à Berlin
Il va être difficile de former un gouvernement. Les sociaux-démocrates ont fait le choix de l’opposition. Il ne reste donc en fait qu’une variante: la coalition «Jamaïque», c’est-à-dire une alliance de la CDU/CSU, du parti FDP et des Verts. Mais la CSU bavaroise veut mettre en place un plafond pour les réfugiés, tandis que les Verts plaident en faveur d’un regroupement familial généreux. Et alors que le FDP veut une politique climatique d’économie de marché, les Verts exigent qu’à partir de 2030, plus aucune voiture à moteur à combustion ne soit immatriculée. Ces obstacles ne sont toutefois pas insurmontables: Christian Lindner, le président du FDP, et Cem Özdemir, tête de liste des Verts, s’entendent bien. La direction des Verts, qui a glané un surplus de voix, fait partie de l’aile «réaliste». Ils devront bien surmonter leurs dissensions. Il reste le risque de la CSU bavaroise qui, après les énormes pertes qu’elle a subies, pourrait refuser un compromis. Il y a quatre ans, le contrat de coalition n’a été conclu que le 16 décembre. Les choses ne devraient pas aller plus vite cette fois-ci.
Il existe des thèmes sur lesquels les partis pouvant intégrer une éventuelle coalition «Jamaïque» se rejoignent. Tous parlent de numérisation, en pensant tout d’abord à l’extension d’un réseau de fibres optiques en surface. S’il devait y avoir un «ministère de la numérisation», certaines choses seraient peut-être plus simples dans le contact avec les autorités. Les choses pourraient avancer aussi dans l’encouragement de la recherche, les trois fractions étant unanimes à ce sujet. Au niveau des impôts, on ne devrait pas s’attendre à des décharges importantes. Dans la politique énergétique, les PME allemandes souffrent des coûts de l’électricité, qui sont deux fois plus élevés qu’en France. Le parti FDP devrait au moins veiller, dans un nouveau gouvernement, à ce que les coûts n’augmentent pas encore du fait de toutes les charges.
La Suisse est intéressée par la stabilité. Si la chancelière Merkel parvient à former le gouvernement, l’Allemagne restera une ancre de stabilité dans la zone euro. Depuis que la Suisse s’est résolue à accepter l’échange automatique de renseignements avec l’Union européenne, le ministre des finances Schäuble est un grand défenseur de notre pays. Pour Berne, ce serait une bonne chose qu’il reste au gouvernement. Le lundi suivant les élections, le cours de change euro-franc n’a pratiquement pas bougé, ce qui permet également de conclure à des relations stables.
L’ambassade suisse à Berlin célèbre ses 150 ans, les relations bilatérales sont bonnes. Les entreprises suisses emploient en Allemagne 380 000 personnes, et 300 000 Allemands vivent en Suisse. Les cultures sont similaires. La sécurité juridique est élevée. L’Allemagne a, tout comme la Suisse, un système de formation dual, de sorte que le pays est une option logique en tant que site de production. Dans les sondages, les entreprises considèrent néanmoins la pénurie de personnel qualifié comme le plus gros problème, avant même la charge excessive imposée par la bureaucratie. Le taux de chômage s’est réduit de moitié en dix ans, les charges salariales augmentent plus vite que sur la moyenne de l’Union européenne. Un risque serait, pour moi, la politique énergétique allemande: il existe des capacités de plus en plus importantes dans l’énergie renouvelable qui, aux pics de production, font pression sur les marchés voisins. L’énergie allemande subventionnée perturbe aussi les marchés de l’électricité des pays voisins.
Autres déclarations de Christoph Eisenring et d’autres correspondants de la NZZ dans la nouvelle newsletter NZZ Global Risk.
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