Lorsque l’on interroge les participants sur les plus grands risques et les priorités correspondantes, une chose saute aux yeux: l’inquiétude en matière de la disponibilité de talents adéquats. Figurant encore loin dans le classement mondial des préoccupations avant le coronavirus (en Suisse, plus haut par tradition), la recherche de talents est passée à la première place durant le confinement, évinçant ainsi le changement climatique.
Toutefois, notre façon de traiter la crise a également ouvert de nouvelles opportunités dans cette recherche de talents: le télétravail, non attaché au lieu, a brisé la notion rigide de collaborateurs travaillant impérativement dans un bureau et devant par conséquent habiter à proximité. Nous avons pu voir que le télétravail fonctionnait bien. Ainsi, le pool de main-d’œuvre disponible potentielle – bien entendu dans le respect de toutes les réglementations – s’est considérablement élargi, surtout dans le secteur tertiaire.
Ce sont là de bonnes nouvelles pour les entreprises. Mais il s’agit aussi de nouvelles dangereuses pour beaucoup de travailleurs de pays à hauts salaires comme la Suisse. Alors attention: une personne réclamant à cor et à cri un télétravail de plusieurs mois voire permanent devrait aussi se demander dans quelle mesure elle ne scie pas elle-même la branche sur laquelle elle est assise. Le proverbe «Loin des yeux, loin du cœur» prend ici une toute nouvelle signification. Et ceux qui croient, en approuvant l’initiative de limitation le 27 septembre, pouvoir générer artificiellement une raréfaction de la main-d’œuvre qualifiée (et autre) dont profiteraient les travailleurs de notre pays, risquent beaucoup.