• Huey Lee, Author |
4 minutes de lecture

Êtes-vous un bon administrateur? (Je vous pose vraiment la question. Mais avant de répondre, demandez-vous ceci : comment pouvez-vous le savoir?)

En toute honnêteté, les bouleversements de la conjoncture actuelle rendent plus difficile, pour une foule d'organisations, d'assurer une bonne gouvernance. Les entreprises font de plus en plus appel aux conseils d'experts afin de cerner les tendances et de déterminer l'orientation à adopter. Mais, en cette ère post-pandémie, il est extrêmement difficile de cerner une tendance ou un secteur d'activité pouvant faire preuve d'une grande résilience. Alors, comment un administrateur d'entreprise peut-il connaître la meilleure voie à emprunter pendant cette longue et lente période de crise?

Les licornes technologiques représentent un bon exemple d'entreprises ayant tiré le meilleur parti de ce qui semblait pour leur secteur un marché « mousseux » pendant la pandémie. Autre exemple : la livraison de produits alimentaires et d'épicerie. Néanmoins, ce ne sont pas toutes les entreprises qui ont traversé la crise sans coup férir. Bon nombre d'entre elles ont surestimé leurs capacités. D'autres se sont introduites en bourse trop tôt et leur évaluation a dégringolé. D'autres encore, faute d'avoir compris que les habitudes du public avaient changé et de s'être adaptées en conséquence, s'étonnent maintenant d'être aux prises avec de graves difficultés.

Il est facile de sympathiser avec les organisations qui n'ont pas résisté à la COVID. Il est moins facile de reconnaître, de façon préventive, que la vôtre s'en va peut-être dans la même direction.

Supposons que votre entreprise dispose d'une bonne gouvernance et d'un groupe diversifié d'administrateurs qui prennent au sérieux leur rôle de fiduciaire. Peut-être êtes-vous l'un d'eux. Autour de la table du conseil, où sont servis des beignes encore tout chauds, vous examinez les documents habituels, les données financières, les rapports d'exploitation. Peut-être même vérifiez-vous que l'activité de votre entreprise est conforme à votre plan stratégique. Êtes-vous pour autant à la hauteur en tant qu'administrateur?

Voici trois façons d'arriver à déterminer la réponse :

  1. Premièrement, considérez les données financières. Dans les projections pour le prochain trimestre, entrevoyez-vous un resserrement des liquidités, du fonds de roulement ou de la trésorerie? Autrement dit, vos plans concernant les liquidités et les flux de trésorerie sont-ils bien étayés? Pouvez-vous soumettre vos projections à un test de résistance? Avez-vous un plan d'urgence qui vous permet d'effectuer un revirement? (Si la réponse est non, offrez-vous un beigne pour compenser.)
  2. Deuxièmement, penchez-vous sur l'exploitation. Comment va la croissance? Est-elle sur le point de plafonner? Avez-vous du mal à payer vos fournisseurs? Demandent-ils soudain à livrer contre remboursement? Et vos employés? Partent-ils en masse ou arrivez-vous à les fidéliser? Bref, posez-vous la question suivante : Quels signaux vous indiquent que ça commence à sentir la soupe chaude? (Cela vaut bien deux beignes.)
  3. Troisième point à examiner : les options qui s'offrent à vous. La direction vous brosse-t-elle un tableau idyllique de la situation? Avez-vous un plan de redressement? A-t-il fait l'objet d'un examen indépendant? En l'occurrence, les hypothèses qui sous-tendent ce plan ont-elles été objectivement remises en question? (Si ce point vous donne des sueurs froides, allez-y : mangez le reste des beignes.)

En vous posant ces questions et en y répondant sérieusement et honnêtement, vous ferez preuve d'une réelle valeur ajoutée pour l'organisation que vous représentez. Mais comprenez bien que les obstacles auxquels votre entreprise fait face n'ont rien à voir avec votre situation personnelle ou vos capacités. Ils dépendent plutôt de la diligence avec laquelle l'ensemble de votre conseil d'administration remplit son devoir de maximiser la valeur actionnariale et de réduire au minimum la vulnérabilité face aux créanciers.

À cette complexité s'ajoute le « coup de pouce » des subventions fédérales accordées à bon nombre d'entreprises en raison de la COVID, et qui ont maintenant pris fin. J'ai vu bien des organisations attendre trop longtemps pour demander de l'aide, craignant sans doute d'examiner en profondeur les données financières, l'exploitation et les options à envisager. Mais lorsque l'équilibre de ces trois facteurs essentiels est compromis, vous commencez à perdre le contrôle, et même le pouvoir, sur votre entreprise. Vos prêteurs et vos fournisseurs pourraient finir par être en position de force.

À ce stade, vous devez nettement faire appel à des intervenants de confiance, non seulement pour aplanir la situation, mais aussi pour trouver des solutions concrètes à long terme. J'ai constaté à maintes reprises que dès qu'une organisation fait appel à une aide professionnelle, elle montre bien aux créanciers nerveux qu'elle prend sa situation difficile au sérieux.

Il est facile de téléphoner et d'avoir un entretien préliminaire avec des conseillers indépendants et, contrairement à ce que prône le déni post-pandémie, il n'y a aucun risque. Vos parties prenantes verront que vous prenez la situation au sérieux et que vous avez appelé des personnes compétentes pour vous aider. Un point de vue extérieur vous permettra de découvrir des options qui semblent inaccessibles lorsqu'on envisage le problème avec des œillères.

Obtenir un avis indépendant sur votre situation vous confère, ainsi qu'à l'entreprise que vous administrez, une crédibilité immédiate. C'est ainsi que vous vous montrez à la hauteur.

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