Selon une étude, près de 2,2 millions de tonnes d'aliments comestibles seraient jetées chaque année au Canada, pour un coût de 17 milliards de dollars. Mais il y a plus que l'aspect économique. Ces 2,2 millions de tonnes d'ordures équivalent à 9,8 millions de tonnes de CO2 ou à 2,1 millions de voitures de plus sur nos routes – en somme, des voitures dont le moteur tourne, mais qui ne vont nulle part.
La situation est non viable et franchement inacceptable – surtout que 4,4 millions de Canadiens, soit près de 12 pour cent de la population, vivaient de l'insécurité alimentaire en 2017-2018 (la dernière période pour laquelle nous avons des données). Alors, que pouvons-nous faire? Eh bien, nous pourrions consommer la nourriture achetée avant qu'elle ne périsse ou ne devienne moins appétissante. Nous pourrions aussi donner plus et plus souvent aux banques alimentaires et autres organismes de notre région qui sont à l'avant-garde de la lutte contre la faim au Canada. Mais la réponse n'est pas si facile.
D'ailleurs, les réponses faciles ne sont généralement pas les meilleures ni les plus complètes. Bien sûr, la saine gestion alimentaire chez les ménages fait partie de la solution, mais elle ne constitue pas le seul facteur en cause et probablement pas le plus déterminant. Pourquoi? Parce que la situation est généralisée et, de ce fait, nécessite une réponse globale.
Alors, quelle serait la réponse appropriée? Je pense à l'économie circulaire, c'est-à-dire à un modèle économique dans lequel les produits et les efforts sont continuellement redistribués plutôt que rejetés. Ce modèle vise à éviter le gaspillage en préservant la valeur des ressources aussi longtemps que possible, ce qui signifie une efficacité et une rentabilité accrues, une meilleure innovation et des relations plus solides avec les consommateurs. En fin de compte, moins de gaspillage et de coûts.
Vous connaissez la règle des 3 R (Réduire, Réutiliser, Recycler)? Ce concept de base de l'économie circulaire ne date pas d'hier. Mais la disponibilité des ressources, l'imprévisibilité des conditions de culture, les pressions sur l'offre et les marges de production alimentaire, et l'évolution des préférences des consommateurs demandent de repenser les modèles linéaires inefficaces et inutiles dans notre chaîne d'approvisionnement alimentaire.